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Salon Virtuel de Généalogie

Salons virtuels de généalogie : l’heure des bilans

Dictionnaire des toponymes de France


L’année 2020 est sur le point de s’achever et restera marquée, sur le plan de l’événementiel généalogique, par l’apparition des salons virtuels de généalogie.

Le premier événement, le Salon Virtuel de Généalogie (SVG), s’est déroulé le 27 juin 2020, à l’initiative d’une petite équipe de professionnels de la généalogie. Le second (Gene@event2020), organisé par la Fédération Française de Généalogie (FFG), s’est tenu du 26 septembre au 3 octobre dernier.

Deux concepts similaires …

Nés du confinement et des incertitudes sanitaires, ces deux événements avaient pour ambitions de continuer à animer le monde de la généalogie privé de ses événements traditionnels.

Le principe des deux salons était similaire : réunir des exposants dans un espace virtuel propice aux échanges et offrir aux visiteurs des animations en lien avec la généalogie telles les conférences.

Coté stands, la pluralité était de mise sur les deux événements avec une grande diversité de stands associatifs, professionnels, institutionnels ou commerciaux.

Concernant le public, la cible se voulait être la même : les généalogistes, qu’ils soient débutants ou confirmés, avec une ambition commune des deux organisations de tenter de rajeunir la discipline et d’attirer les plus jeunes grâce à un événement technologique novateur.

Enfin, dernière similitude, la gratuité de l’accès et de l’ensemble des contenus pour les visiteurs.

mais deux offres différentes

Bien qu’étant basées sur le même concept, puisqu’en matière de salons virtuels les possibilités techniques sont assez limitées, les deux projets divergeaient sur de nombreux points.

Les stands :

La FFG alignait 110 stands dont 62 % d’associations fédérées, 2 % d’associations non fédérées, 12 % d’institutionnels et 25 % de stands commerciaux.

Pour le SVG, la répartition des 141 stands était la suivante : 46 % d’associations (dont près de la moitié était fédérée), 46 % de professionnels/commerciaux, 6 % de blogueurs et 2 % d’institutionnels.

De nombreux exposants ayant participé au SVG ont « rempilé » avec le Gene@event, à l’exception notable des associations non fédérées et de plusieurs acteurs marchands incontournables de la généalogie française.

Les conférences :

Le SVG proposait 30 conférences reparties sur la journée, à comparer avec une offre conséquente de 56 conférences pour le Gene@event. La plupart des conférences du SVG étaient disponibles pendant seulement un mois, alors que la FFG annonce les laisser en ligne durant une année.

Si les conférences du SVG étaient centrées sur le thème unique de la généalogie, Gene@event a fait le pari de la diversité en proposant une dizaine de conférences sur l’Empire.

Les animations :

Ayant opté pour une thématique Napoléonienne, la FFG a proposé un challenge d’indexation de soldats de l’Empire, bien que l’événement et son avancement soient passés assez inaperçus.

Le SVG a préféré des animations ludiques avec un quiz et des parties de jeux de connaissance en ligne.

Divers concours et animations ont aussi été organisés sur quelques stands des deux manifestations à l’initiative personnelle de quelques exposants.

Les durées :

Le SVG a concentré son événement sur une seule journée, même si le site est resté ouvert depuis, sans toutefois de contenu supplémentaire. Le succès de ses conférences a été tel que les organisateurs ont demandé à plusieurs conférenciers étant intervenus en direct d’enregistrer leur conférence pour pouvoir la mettre en replay sur le site.

La FFG a préféré organiser son événement sur une semaine entière, en étalant la diffusion des conférences sur toute la période. À l’issue de cette semaine, le site est resté actif, mais la présence des exposants est devenue plus sporadique. Certaines associations y ont organisé depuis des Portes Ouvertes (virtuelles).

Les modèles économiques :

C’est sur le plan financier que la différence entre les deux événements est la plus marquée.

Les organisateurs du SVG ont fait le choix de la totale gratuité, tant pour les visiteurs que pour les exposants grâce à l’investissement bénévole de ses organisateurs et l’ouverture d’une symbolique cagnotte participative pour couvrir certains frais de fonctionnement du site.

Pour son projet, la FFG a investi près de 30 000 € auprès d’une société spécialisée, et financé l’opération par la monétisation des stands (coût de 75 € à 500 € selon la nature de l’exposant et la durée de location choisie) et en recourant au sponsoring publicitaire (ticket à 5 000 € pour les principaux sponsors).

Pour quels résultats ?

La FFG vient de publier le bilan de son Gene@event, ce qui permet d’établir un parallèle entre les deux événements, sans qu’il soit aisé de tout comparer tant leurs modalités techniques et organisationnelles étaient différentes.

Sur le plan technique, le SVG a pâti de sa « pool position », avec un site internet sous-dimensionné qui a mal résisté aux flux massifs et imprévisibles de visiteurs. A contrario, le Gene@event a bénéficié d’une architecture web éprouvée lui assurant une bonne fluidité, mais probablement surdimensionnée par rapport aux flux réels de visites.

Ces constats techniques sont bien évidement en rapport avec le niveau de fréquentation respectif de chaque événement.

Le SVG a compté 11 396 visiteurs pour la seule journée du 27 juin (dont 5 393 visiteurs uniques, c’est-à-dire que les visiteurs n’ont été comptés qu’une seule fois dans la journée). Puis le site du SVG a accueilli 6 571 visiteurs supplémentaires (les mêmes que le premier jour ou de nouveaux) dans la semaine qui a suivi, soit un total de 17 967 visiteurs en huit jours.

La FFG annonce 3 019 inscrits depuis l’ouverture de son salon (sur une durée totale de près de deux mois), c’est-à-dire presque deux fois moins que le SVG.

Malheureusement, la fédération ne communique pas sur la fréquentation réelle globale de son salon, préférant extrapoler le nombre de visites par personne et annoncer une estimation totale de 20 000 visites sur la période (ces 20 000 visites estimées n’étant dans tous les cas générées que par les 3 019 inscrits puisque le site n’est pas accessible sans inscription préalable).

Statistiques de fréquentation du SVG pour la seule journée du 27 juin 2020

Au niveau des conférences, animations phares des deux événements, la comparaison statistique est plus facile puisque les deux organisations ont choisi YouTube comme canal de diffusion (dont la pertinence des analyses statistiques n’est plus à démontrer).

La FFG, avec ses 56 conférences, annonce dans son bilan un total de 14 761 vues, sur près de 2 mois de mise en ligne, dont certaines ont été suivies plus de 1 000 fois.

Pour le SVG, qui a limité la diffusion des conférences sur un seul mois (sachant que certaines conférences n’ont été diffusées qu’en direct, et que pour d’autres, les conférenciers n’ont pas souhaité la rediffuser), le nombre de vues atteint le score de 31 015 avec un total de 5 500 heures de visionnage (certaines vidéos n’étant pas vues en entier). Quatre conférences dépassent les 2 000 vues (dont une atteint le record de 4 558 visionnages !), onze conférences dépassent les 1 000 vues, et aucune d’entre elles n’atteint moins de 500 vues.

Statistiques YouTube concernant le visionnage des conférences du SVG

L’heure doit-elle être aux satisfecit ?

Il est évident que l’organisation de tels événements est une prouesse technique et humaine, et quels qu’en soient les résultats, les organisateurs ne peuvent qu’éprouver de la fierté à avoir innové et fait bouger les lignes.

Aussi, il est bien naturel que chaque organisation crie victoire, mais, à notre avis, le résultat final doit être plus nuancé.

L’équipe du SVG n’a monté son projet qu’en 70 jours, pendant la période de confinement total, en inventant elle-même, jour après jour, le concept français de salon virtuel généalogique, et sans prendre véritablement conscience de la ferveur populaire qui s’annonçait.

Finalement, le site a été victime de son succès, car l’infrastructure technique n’a pu absorber ce nouvel engouement généalogique, faisant poindre la déception, bien compréhensible, dans les rangs de certains visiteurs et exposants.

Les stands et les salles de conférences ont été difficilement accessibles. Heureusement, la quasi-totalité des conférences était mise en ligne simultanément sur la chaine YouTube du SVG, ce qui a permis au public d’en profiter sans difficulté.

Les organisateurs espéraient un millier de visiteurs, ils en ont accueilli cinq fois plus !

À l’inverse, la FFG a eu six mois pour préparer son salon (puisqu’elle l’a annoncé en avril, en même temps que l’annonce du SVG), en sous-traitant totalement sa réalisation technique à une société spécialisée. Étrangement, cette longue période préparatoire n’a pas été mise à profit pour faire une communication efficiente et promouvoir utilement l’événement qui s’annonçait (c’est en tout cas l’avis de nombreux exposants et celui de la twittosphère).

Le tarif des stands a sans doute été rédhibitoire pour bon nombre d’acteurs de la généalogie, qu’ils soient associatifs ou professionnels, car de nombreux exposants du SVG n’ont pas été présents sur le Gene@event. Il est aussi possible, pour certains exposants, que l’expérience du SVG n’ait pas été assez concluante pour investir dans un stand payant. En tout cas, force est de constater que Gene@event a plutôt été le salon des associations fédérées, ce qui d’ailleurs est parfaitement conforme à la vocation de la FFG…

Quelques jours avant son Gene@event, la présidente de la FFG annonçait dans une interview radio,  5 000 visiteurs pour le premier jour et 30 000 pour la semaine… bien loin malheureusement des 3 019 inscrits en deux mois. Comme quoi, parfois, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué… (en référence à la moquerie de la présidente, sur twitter, à l’égard des organisateurs du « petit » salon virtuel comme elle aime à le rappeler).

Les réseaux sociaux n’ont pas la mémoire courte…

S’il doit bien y avoir un enseignement à retenir dans ce genre de projet technologique innovant, c’est qu’il est difficile de tout prévoir, et que le succès n’est parfois pas là où on l’attendait…

Et les exposants dans tout ça ?

Le retour sur investissement des exposants est bien plus délicat à analyser, surtout pour les organisateurs.

En effet, les retombées économiques (les adhésions pour les associations ou les ventes pour les stands professionnels) ne se mesurent pas instantanément. Si des prises de contacts sont une réalité au moment du salon, les actes d’achat ou d’adhésion peuvent parfois avoir lieu bien des mois après.

Toutefois, les exposants peuvent eux-mêmes se faire une idée plus précise en analysant finement les statistiques de fréquentation de leur propre site et la provenance des visiteurs (c’est-à-dire ceux qui viennent à eux par le biais d’un clic effectué sur le lien affiché sur leur stand).

Les exposants qui ont été présents sur les deux salons pourront facilement comparer les deux expériences et juger du niveau de retour sur investissement entre un salon complètement gratuit (celui du SVG) et un salon payant (celui de la FFG).

Quoi qu’il en soit, pour les organisateurs, le meilleur indicateur de satisfaction sera le taux de renouvellement des stands dans l’hypothèse où les deux organisations renouvellent leur événement.

Et le gagnant est …

Chaque généalogiste ayant fréquenté l’un ou l’autre des événements (voire les deux), s’est fait sa propre opinion sur l’utilité de ces manifestations d’un nouveau genre. Il a pu bénéficier d’une interface moderne pour rentrer en contact avec bon nombre d’acteurs de la généalogie, découvrir de nouveaux intervenants, et parfaire ses connaissances grâce aux nombreuses conférences mise à sa disposition.

Il ne revient pas à Généagenda de décréter quel était le meilleur des deux salons, chacun ayant ses particularités, ses adeptes et ses détracteurs.

Mais il est intéressant de souligner que ces initiatives ont contribué à lancer un mouvement de virtualisation des événements proposés au sein de la communauté généalogique (concernant tant les associations que les Archives Départementales), et il y a fort à parier que cet élan se poursuivra, comme nous le présentions déjà dans un article de Généagenda (Les salons virtuels vont-ils remplacer les salons traditionnels ?).

Les yeux des amateurs vont à présent se tourner vers les USA, pour la tenue en février prochain d’un RootsTech totalement virtuel.

L’occasion pour les généalogistes français de découvrir, depuis leur canapé, ce phénomène international qui accueillera probablement plusieurs centaines de milliers de généalogistes (environ 140 000 inscrits à ce jour) et dont on nous promet que le contenu sera universel et diffusé dans plusieurs langues (dont le français).

L’occasion aussi, pour certain-e, de réfléchir à la pertinence de jouer le jeu de la division et du dénigrement permanent. En la matière, toutes les initiatives sont bonnes à prendre pour tenter de ne pas être insignifiant face au rouleau compresseur américain.

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